Paris, 10 Janvier 1819 – 23 Mai 1886 Ecouen
A Ecouen, à une quinzaine de kilomètres au nord de Paris, un peintre vient s’installer. Il s’agit de Pancrace Bessa, spécialiste de la peinture botanique et des oiseaux, arrivés 1830 rue de la Beauvette (actuelle rue Auguste-Schenck). Pierre Edouard Frère l’a-t-il rencontré dans la capitale ? C’est une hypothèse vraisemblable, même si on ne peut la confirmer. La colonie des peintres d’Ecouen est, en effet, déjà en gestation: les premiers éléments se réunissent proche de l’actuelle gare du nord, au 18 de la rue de Chabrol. Autre hypothèse : une venue dans le village lors de son repérage pour l’illustration du livre “Les mystères de Paris” d’Eugène Sue (1804-1857).
Proche des milieux romantiques durant sa jeunesse, puis influencé par les idées socialisantes de Charles Fourier (1772-1837), il choisit de peindre le monde paysan. Ce sera la « peinture de genre », avant l’arrivée de l’impressionnisme.
Pierre Edouard Frère s’installe dans ce village vers 1847, dans une petite maison campagnarde qu’a peinte Léonide Bourges (1838-1909), l’amie de Charles-François Daubigny. Demeure modeste au toit de chaume, au sol de terre battue, c’est ainsi que Madame Frère décrit à Cornella W. Conant, peintre américaine de passage à Ecouen, sa première demeure, mais en en vantant le charme rustique. En 1865, le succès venant, le peintre édifie la villa Gabrielle (second prénom de son épouse), rue de Paris (actuelle rue du Maréchal-Leclerc), grosse maison bourgeoise (aujourd’hui collège Sainte-Thérèse), sur une pièce de bois de 2 ha et 49 ca, moyennant 23390 F. Un grand nombre d’artistes français et étrangers viennent le rejoindre dans sa campagne.
Auprès de Paul Delaroche (1797-1856), il a appris la représentation réaliste des personnes et des choses; à Ecouen, il trouve les scènes de la vie quotidienne rurale qu’il a chaque jour sous les yeux. Cornelia W. Conant, qui l’a côtoyé, le décrit quittant sa maison dès huit heures du matin, peignant dans une petite charrette avec un toit par mauvais temps, se couvrant de peaux de moutons (peut-être ceux d’Auguste Schenck, son complice), ou bien se rendant chez les habitants qui le connaissaient bien, afin de saisir des attitudes au travail ou des intérieurs typiques de la vie simple et parfois misérable de ses concitoyens. Il ne peint pour ainsi dire jamais dans son atelier. Pour récompenser les enfants, qu’une femme de la maison maintient sévèrement, une badine à la main dans la pose exigée par l’artiste, il leur donne une pièce de un franc comme salaire. Mais la scolarité obligatoire imposée en 1883 apporte quelques obstacles à sa tâche vers la fin de sa vie. Quant aux parents, ils ont droit, eux, à une somme comprise entre deux et cinq francs. Les volontaires ne manquent pas. La même artiste américaine évoque une certaine mère Cocotte, figure locale, qui a été son modèle pendant quarante ans, de la paysanne pleine de vigueur à la vieille femme de quatre-vingts ans.
Pour plus d’informations, nous vous invitons à lire le livre « L’Ecole d’Ecouen – une colonie de peintres au XIXe siècle »