Paris 2°, 24 Février 1823 – 17 Mai 1903, Chanteloup-les-vignes
Un des plus écouennais des peintres de la Colonie est sans aucun doute Paul Soyer, puisque sa mère, Mme Landon Pauline, déjà connue dans le monde de la gravure au burin, était venue s’installer à Ecouen dès 1856, avec son fils, né à Paris le 24 février 1823, au 11 boulevard de Clichy. Veuf de Françoise Roque (écrit parfois Roch), il épouse à Ecouen, le 9 août 1877 Joséphine Charlotte Steiger, professeur de musique à la Légion d’honneur, avec comme témoins Théophile Emmanuel Duverger et Charles Edouard Frère. Comme beaucoup, il est élève de Léon Cogniet et expose bientôt, à partir de 1847, avec le portrait de sa propre mère, à Paris, au Salon des artistes français, et ce jusqu’en 1901. Il obtient une première médaille après le Salon de 1870 et une de deuxième classe en 1882, enfin une de bronze lors de l’Exposition universelle en 1889.
Ses tableaux prennent parfois des proportions impressionnantes: celui exposé au Salon de Paris en 1870 qui nous montre des forgerons au travail fait entre trois et quatre mètres de hauteur et cinq à six mètres de largeur. C’est un des sujets préférés de l’artiste, très attaché à représenter la dureté du métier, conditions à la limite du supportable qui l’amèneront même à les peindre en pleine grève, en s’inspirant d’une œuvre de François Coppée. A propos de ce tableau, Nicolas Pierrot analyse que le peintre adopte «une composition pyramidale. A la base sont représentés plusieurs groupes d’ouvriers (des manœuvres aux mouleurs), alors que le sommet, au centre du tableau, se confond avec la figure du maître fondeur». (un Peintre dans l’usine). Alors que beaucoup d’artistes à cette époque choisissent ce sujet d’actualité pour leur toile, le critique du Paris Moderne de 1882 reconnaît que celui qui «a le mieux réussi, bien qu’il se soit un peu perdu à vouloir rendre des effets de lumière insaisissables», c’est Paul Soyer.
Un autre critique, M. Lambert, à propos de ses deux tableaux exposés au Salon de 1887 indique que «la science de l’arrangement le dispute à la recherche de l’harmonie. Tout est juste, fin, précis. En homme qui sait beaucoup, il n’a nulle défaillance…que de charme dans le calme honnête de ces braves gens.»
Ses Dentellières d’Asnières-sur-Oise, charmant tableau d’une couleur vigoureuse, connaissent aussi un joli succès, au point d’être acquises par l’Etat en 1865; après son exposition au Salon; par la suite, elles enchanteront les visiteurs de l’Exposition universelle de 1867, puis celle des Beaux-Arts de Munich en 1879, avant de charmer pendant longtemps les habitués du Musée du Luxembourg, entre 1866 et 1892; le tableau sera déposé ensuite à la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur. Des travaux de restauration le retiendront plus tard au Louvre entre 1958 et 1967, pour qu’enfin il soit offert aux regards du public dans toute sa beauté au Musée d’Orsay. On fait remarquer dans Le Temps du 6 juin 1865, que l’on peut y voir le curé d’Ecouen, mais « dont les mains sont à peine ébauchées » il s’agissait de l’abbé Chevallier, celui qui écrivit un ouvrage très documenté sur la ville d’Écouen, et qui récupéra le socle de la statue équestre du Connétable, fondue à la Révolution, pour la faire déposer dans les fondations du nouveau porche de l’église Saint-Acceul.
Pour plus d’informations, nous vous invitons à lire le livre « L’Ecole d’Ecouen – une colonie de peintres au XIXe siècle »